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Hédo
20 janvier 2013

hédo brièveté

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De la brièveté de la vie

 

Le traité est adressé à Paulinus (ad Paulinum), haut fonctionnaire de l'Empire et préfet de l'annone. Il a été identifié avec Pompeius Paulinus. Il s'agit d'un important armateur d'Arles qui fut préfet de l'annone de 48 à 55. Sénèque avait épousé en secondes noces, en 49 à son retour d'exil, sa fille Pompeia Paulina. Il s'adresse donc à son beau-père.

De la brièveté de la vie (De Brevitate vitæ), dialogue de Sénèque écrit en 49 après Jésus Christ. Dans cette œuvre, adressée à Paulinus, beau-père de Sénèque, ce dernier expose que pour atteindre le bonheur (qu'il décrit notamment dans Sur la vie heureuse), il faut consacrer son temps à la sagesse et non le perdre en activités stériles et inutiles.

Sénèque commence par exposer la thèse du traité : la vie n'est pas trop courte, c'est nous qui la perdons. En effet, la vie est assez longue et largement octroyée pour permettre d'achever les plus grandes entreprises, à condition qu'elle soit tout entière placée à bon escient et elle s'étend loin pour qui en dispose bien. Puis Sénèque explique comment nous gaspillons notre temps. Pour lui, de nombreux hommes courent après des plaisirs illusoires et éphémères, comme la gloire militaire ou la beauté, au lieu de se consacrer à eux-mêmes. L'Auteur plaint aussi ceux qui sont accablés par la richesse, qui sont esclaves de leur vie professionnelle. De même, Sénèque s'interroge sur la valeur inestimable du temps, et regrette que ce dernier ne soit jamais vraiment considéré : On ne trouve personne qui veuille partager son argent, mais chacun distribue sa vie à tout venant et personne ne te restituera tes années, personne ne te rendra à toi même, alors qu'on considère normal de rembourser une somme d'argent empruntée. La douleur vaine, la joie stupide, le désir avide, la conversation flatteuse : tout cela nous fait perdre notre temps, et réduisent en cendres la durée de notre existence. La cause de cette insouciance : chacun vit comme s'il devait vivre pour l'éternité, mais la fragilité de l'existence ne vient souvent que trop tard. Sénèque enchaîne sur une série d'exemples historiques, prenant à témoin d'illustres personnages de l'antiquité pour soutenir sa thèse, parmi lesquels on trouve Auguste et Cicéron.

Dans le passage suivant, Sénèque entreprend une longue description de ce qu'il appelle les 'occupés', et de la manière dont ceux-ci perdent leur vie. Pour l'Auteur, les occupés désignent aussi bien les débauchés, qui passent leur temps dans l'ivresse et les plaisirs de la chair que les avares, les colériques, les mondains qui passent de banquet en banquet, les élèves ou les professeurs qui consacrent leur temps à des études inutiles ou les hommes d'affaires esclaves de leur travail. Tous se perdent et tournent en rond. La métaphore suivante illustre bien ce fait :

penses-tu qu'il a beaucoup navigué celui qu'une violente tempête a surpris à sa sortie du port, a poussé çà et là et, dans les tourbillons de vents contraires, a fait tourner en cercle dans un même périmètre? Il n'a pas beaucoup navigué, mais il a été beaucoup ballotté.

En revanche, celui qui consacre tout son temps à son usage personnel, qui organise toutes ses journées comme une vie entière, ne désire ni ne redoute le lendemain. En outre, la plus grande perte pour la vie, c'est l'ajournement[...]; il dérobe le présent en promettant l'avenir.

Dans la partie qui suit (propositio), Sénèque explique que la vie des hommes occupés est extrêmement courte parce qu'elle manque de loisir. En apprenant et en pratiquant la sagesse (puisque c'est bien cela 'l'oisiveté' stoïcienne), le sage ou du moins l'aspirant à la sagesse peut construire sa vie de façon organisée et utile. Les occupés ne savent pas se servir du temps et ne sont pas des hommes de loisirSeuls sont hommes de loisir ceux qui se consacrent à la sagesse. Seuls ils vivent; car non seulement ils protègent bien la durée qui leur appartient, mais ils ajoutent la totalité du temps au leur. Le sage s'approprie son temps, mais aussi les siècles passés en étudiant les philosophes anciens et en suivant leurs préceptes. Les différentes écoles de philosophie sont qualifiées de familles, qui ouvriront leurs portes aux aspirants à la sagesse. À défaut de pouvoir choisir sa vraie famille, on a toujours le choix dans laquelle on va vivre sa vie. Enfin, le temps ne peut rien contre la sagesse : aucun âge ne l'abolira, aucun âge de l'affaiblira.

Alors que les occupés fuient une chose pour une autre et ne peuvent s'arrêter à un seul désirperdent le jour dans l'attente de la nuit, la nuit dans la crainte du jour, le sage est serein et n'a pas crainte de l'avenir.

L'œuvre se conclut sur une exhortation à Paulinus de suivre les préceptes de Sénèque, et la péroraison (conclusion d'un développement oratoire) incite les hommes à ne pas attendre leur retraite pour profiter de leur vie, mais d'en profiter tout le temps en cultivant leur goût des loisirs. De même, la retraite ne doit pas signifier l'arrêt de toute activité, en particulier de pratiquer les préceptes de la sagesse. Le désir de travail survit à la capacité de travailler.

 

 

Sur la vie heureuse

Sur la vie heureuse, ou encore Du bonheur (en latin, De Vita beata) est un dialogue avec un interlocuteur imaginaire écrit par Sénèque le jeune vers 58 après Jésus Christ. L'œuvre est dédiée à Gallion, frère aîné de Sénèque. Son principal objet est de montrer que le bonheur n'est pas matériel, mais naît d'une vie en accord avec la vertu et la raison (selon les préceptes du stoïcisme). Dans la présentation du plan de son œuvre (que Sénèque ne suit pas forcément par la suite), l'auteur explique qu'il va d'abord établir « ce que nous devons chercher » (la vie heureuse), puis « comment nous pouvons l'atteindre le plus rapidement ». Enfin, cette œuvre apparaît non pas comme un simple traité de sagesse, mais aussi comme un moyen de justification pour Sénèque, à qui il était reproché, en son temps, de ne pas vivre en accord avec ses principes.

Première partie : le bien souverain et la sagesse.

Sénèque commence par montrer que le chemin de la foule n'est pas le bon, autrement dit, qu'il ne faut pas se fier à la masse des hommes pour comprendre ce qu'est le bonheur.La foule, le pire interprète de la vérité. En effet, les hommes se fient trop souvent à l'apparence, et non à l'essence des choses : ces choses exposées aux yeux et devant lesquelles on s'arrête, que l'on montre l'un à l'autre en s'ébahissant, paraissent brillantes à l'extérieur, mais sont misérables à l'intérieur. Puis Sénèque cherche à définir ce qu'est le "souverain bien". Celui-ci réside dans l'accord avec la nature : ne pas s'en écarter et se modeler sur sa loi et son exemple, c'est cela la sagesse. Il faut savoir accepter les sorts de la Fortune, qu'ils soient bons ou mauvais : user les biens de la Fortune sans en être esclave. Autrement dit, il faut être capable de ne pas se soucier des événements qui ne dépendent pas de nous, mais maîtriser ce sur quoi on peut agir. Le souverain bien c'est une âme qui méprise les évènements extérieurs et se réjouit par la vertu, et cela pourparvenir à la liberté (de l'âme, à défaut d'assurer celle du corps). Afin de ne plus avoir de craintes, il faut se fier à la raison.

L'auteur aborde ensuite la 'Polémique anti-épicurienne : le souverain bien n'est pas le plaisir'. Dans ce passage, Sénèque dénonce la vision épicurienne du bonheur (née d'une conception sensualiste). En effet, le plaisir de la chair est toujours éphémère et instable, à l'inverse de l'esprit et de la raison. Par ailleurs, vertu et plaisir peuvent parfois être en contradiction. Ainsi, Sénèque réprime son plaisir et s'en sert, pour ne pas en devenir l'esclave, et rester dans la vertu. Sénèque regrette cependant que de nombreux malhonnêtes se soient accaparé la philosophie épicurienne pour justifier leurs frasques, puisque l'auteur ne considère pas que l'école d'Épicure [soit] maîtresse d'ignominies.

L'auteur traite en outre de la 'Polémique anti-aristotélicienne : le souverain bien n'est pas uni au plaisir'. Dans cette partie, Sénèque poursuit en quelque sorte sa critique de l'épicurisme, en allant plus loin : non seulement le plaisir n'est pas toujours source de vertu, mais le plaisir ne peut être l'achèvement de l'acte1.

En conclusion de la première partie, Sénèque réaffirme que le bonheur se fonde sur la vertu. Il ajoute : Que te conseillera cette vertu ? De ne pas considérer comme un bien ou un mal ce qui n'est le résultat ni de la vertu ni du vice. Ensuite, d'être inébranlable face au malheur où à la suite d'un bien.


Seconde partie : le philosophe et les biens de ce monde.

Au début de la seconde partie, Sénèque fait intervenir un interlocuteur imaginaire qui le questionne sur ce qui peut apparaître comme des contradictions entre ses idées philosophiques et son train de vie. En réponse à ces accusations, il commence par revendiquer une certaine humilité ; humilité quant à sa personne (il ne se présente pas comme un exemple : "quand je fais la guerre aux vices, je la fais avant tout aux miens"), humilité quant à son objectif ("Ce que j'exige de moi, c'est d'être, sinon l'égal des plus vertueux, du moins meilleur que les méchants" (XVII)). Sénèque pose ainsi une question légitime : faut-il donc attendre d'être parfaitement vertueux pour parler de vertu ? Rappelant que le même reproche fut adressé à Platon, Epicure ou encore à Zénon, Sénèque souligne : "C'est de la vertu, non de moi que je parle" (XVIII). Dénonçant la malveillance de ses adversaires, le philosophe explique qu'il vaut mieux essayer de trouver la voie de la vérité, même si on n'y arrive pas, que de ne pas essayer du tout et de reprocher aux autres de mal s'y prendre. Sénèque ne se considère d'ailleurs même pas comme un sage, mais comme "un aspirant à la sagesse". Il fait ensuite le portrait de cet aspirant. Ce dernier doitadmirer ceux qui entreprennent de grandes choses, même s'ils tombent. Autrement dit, mieux vaut essayer que de renoncer. En outre, Sénèque rappelle que l'homme doit profiter de la Fortune quand elle lui est favorable (il était lui même immensément riche), sans que cela l'empêche d'être vertueux. Si le sage ne laisse franchir son seuil à aucun denier qui entrerait malhonnêtement, en revanche il ne repoussera pas de grandes richesses, dons de la Fortune et fruit de la vertuEn fin de compte, les richesses m'appartiennent, tu appartiens aux richesses, dit-il à son interlocuteur imaginaire critique.

Sénèque aborde ensuite le thème de la générosité : donner n'est pas facile dit-il. Ici, l'auteur explique qu'il faut être généreux avec ceux qui le méritent, qui sont vertueux. D'autre part, il ne doit pas y avoir de libéralité exclusive, puisque la nature m'ordonne d'être utile aux humains, qu'ils soient esclaves ou libres, de naissance libre ou affranchis. C'est là une idée plutôt révolutionnaire pour l'époque, mais véritablement stoïcienne. Sénèque reprend ensuite le discours de l'aspirant à la sagesse, expliquant qu'il est bon de modérer ses plaisirs pour mieux réprimer ses douleurs.

Le passage suivant concerne les différences entre le sage et l'insensé. La grande différence est que dans le cas du sage, les richesses sont tenues en esclavage, dans le cas de l'insensé elles ont le pouvoir. Le sage peut être dépouillé de tous ses biens, il vivra heureux, conformément avec la vertu et la raison. La conclusion de Sénèque est adressée à ses détracteurs. En effet, ces derniers devraient avant tout regarder leurs propres problèmes avant de se moquer de ceux des autres. Alors que Sénèque aspire à la sagesse et la vertu, ses ennemis s'enlisent dans la faute et le mal : Vous voyez les boutons des autres dit l'auteur et vous, vous êtes couverts d'ulcères.

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