Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Hédo
10 mars 2013

hédo cinq lois fondamentales

 

281250-proprietaire-coqs-combat-montre-fierement281250-proprietaire-coqs-combat-montre-fierement

Les lois fondamentales de la stupidité humaine

 

Selon Carlo Cipolla, brillant historien italien, même les lauréats du prix Nobel n'échapperaient pas à la stupidité…

 

Schiller disait que «contre la stupidité, les Dieux même luttent en vain». Fort de ce principe, le grand historien de l'économie Carlo Cipolla, professeur à Berkeley et à l'École normale de Pise, a fait paraître un petit essai qui est devenu un best-seller en Italie. D'une plume agile et ironique, en parodiant la «stupide» façon qu'ont les économistes du «choix rationnel» de classer l'action humaine en schémas bien établis, l'auteur s'est employé à décrire ce qu'il appelle les «cinq lois fondamentales de la stupidité humaine». M. Cipolla n'est pas M. Teste: «La bêtise n'est pas mon fort.»

Fort d'une approche pseudo-scientifique où la rhétorique académique cache un texte désopilant, qui n'est pas sans faire penser à Perec ou à Botul, l'économiste construit un petit chef-d'œuvre d'excentricité. Il ne nous parle ni de bêtise ni de crétinerie, mais bien de stupidité stricto sensu. Son propos n'est pas réactionnaire et il n'envisage pas de réintroduire des distinctions entre individus. Pourquoi? Tout simplement, nous dit-il, parce qu'il a rencontré des individus stupides aussi bien à l'usine, dans les médias qu'à l'université ; même les «lauréats du prix Nobel» n'y échapperaient pas, selon ses travaux, fruits «d'années d'observation et d'expérimentation». Partout, ajoute-t-il, «on rencontre toujours le même pourcentage d'individus stupides, pourcentage qui (…) dépassera toujours vos attentes».

Face à ce mystère de la condition humaine, on s'interroge. Mais quelle est cette stupidité si prégnante dont nous parle M. Cipolla? La troisième loi fondamentale, qu'il appelle aussi ironiquement la «règle d'or» (ce qui n'est pas sans faire songer au sérieux de ceux qui rêvent de nous imposer une telle stupidité constitutionnelle), part du principe que «l'humanité se divise en quatre grandes catégories: les crétins, les gens intelligents, les bandits et les êtres stupides».

Un humour très «British»

Il faut laisser au lecteur le soin de découvrir les multiples figures que peuvent recouvrir ces quatre catégories à leur marge. Le bandit peut être parfois intelligent, parfois stupide, parfois crétin. Disons, pour introduire le lecteur à la pensée redoutablement aiguisée de M. Cipolla, que le crétin est celui qui agit de façon à ce que son action entraîne une perte pour lui-même et un gain pour nous ; le bandit est celui qui obtient un gain en nous causant une perte ; tandis que le stupide est «celui qui entraîne une perte pour un autre (…) tout en n'en tirant lui-même aucun bénéfice et en s'infligeant éventuellement des pertes». D'où l'importance de la dernière loi fondamentale: «l'individu stupide est le type d'individu le plus dangereux», plus dangereux encore que le bandit…

On laissera au lecteur le soin de dévorer ce petit livre bref, retenu, mais profond, d'un humour très British (il a d'abord été écrit en anglais en 1976), qui s'amuse à nous entraîner dans des casuistiques proprement burlesques mais, au fond, totalement terrifiantes: par exemple, le général qui cause d'innombrables victimes et des dégâts colossaux pour obtenir une médaille de plus doit-il être classé dans la catégorie «bandit parfait» ou dans celle de la «stupidité pure»? À vous de lire le professeur Cipolla…

Publicité
Commentaires
Publicité
Publicité